* Suite du premier article * Pour les néophytes, pour ceux qui ont oublié, ou tout simplement pour les curieux : voici, en trois parties, une petite présentation des objets et meubles liturgiques les plus importants. À quoi servent-ils? Comment sont-ils faits? À quels rites sont-ils associés? La sacristine fouille dans son armoire pour vous répondre.
Des rituels millénaires
Peut-être avez-vous déjà vu des fidèles se tremper les doigts dans un récipient d’eau posé près de l’entrée de l’église, puis faire sur leur corps le signe de la croix? Le bénitier, souvent en marbre ou en métal, est une vasque contenant de l’eau bénite par un prêtre. En entrant dans le lieu saint qui est l’église, le catholique fait mémoire de son baptême tout en contribuant à la purification de son corps et de son esprit par ce geste simple qui puise ses racines dans des temps immémoriaux. En effet, les ablutions rituelles par l’eau sont communes à plusieurs religions, et sont pratiquées par les chrétiens depuis des siècles. Des bénitiers portatifs ou seaux à eau bénite sont également utilisés par les prêtres lors de certaines cérémonies, pour la bénédiction d’objets ou de personnes (bénir = attirer le bien sur quelqu’un ou quelque chose, par la puissance divine). Ces seaux, souvent en argent travaillé, sont accompagnés d’un goupillon (petit bâton muni d’une boule percée de trous) que l’on plonge dans l’eau pour en asperger ce que l’on veut bénir.
Tout aussi ancien est l’usage d’encens dans la liturgie catholique. De tout temps, on s’est servi de l’encens pour honorer la divinité, et spécialement chez les Juifs de l’Ancien Testament; on trouve d’ailleurs mention de l’encens partout dans les Saintes Écritures. Les catholiques conservent donc cette tradition qui trouve son origine dans la Parole de Dieu même. L’encens est utilisé à la fois pour son odeur parfumée et pour la fumée qu’il produit, symbolisant la prière montant vers Dieu et rappelant que la messe est un pont entre le ciel et la terre[1]. L’objet liturgique contenant l’encens dans nos églises s’appelle la navette, et l’instrument utilisé pour répandre la fumée durant les rites est l’encensoir; il s’agit habituellement de belles pièces d’orfèvrerie. Une personne appelée thuriféraire[2] balance l’encensoir en le tenant par ses chaînes, notamment durant la procession au début de la messe et avant la lecture de l’Évangile.
L’importance des cierges, lampions et luminaires
Les cierges, bougies réservées au culte, sont un élément essentiel de la liturgie. Leurs matériaux (cire d’abeille), leur couleur (blanche ou jaune) et leur nombre sont codifiés selon leur usage. En plus de ceux placés dans les chandeliers d’autel, il existe des cierges de baptême, des cierges de communion, de procession, etc. Le plus important, par sa grande taille et sa symbolique, est le cierge pascal. Placé dans le sanctuaire de l’église et posé sur un chandelier pascal sculpté, ce grand cierge orné d’une croix est béni solennellement lors de la Veillée pascale, qui est la grande fête de la Résurrection du Seigneur et donc la plus grande solennité de toute l’année liturgique. Il est allumé durant tout le temps de Pâques, de même qu’à chaque baptême et aux funérailles. Symbolisant le Christ ressuscité, il est un signe d’espérance (ce pourquoi il est mis à l’honneur près du cercueil du défunt).
« Allumer un lampion » figure parmi les pratiques religieuses populaires qui perdurent malgré la désaffection des églises : même ceux qui ne vont pas à la messe, même ceux qui ne sont pas sûrs de croire le font! Les lampions votifs sont des petites bougies dans un contenant en verre coloré, qui demeurent allumées après notre départ de l’église et prolongent notre prière. Je retranscris ici la description du Thesaurus des objets religieux du culte catholique (ma bible…après la Bible, bien sûr!) : « Le lampion votif est allumé et généralement posé sur un porte-cierges votifs devant des images du Christ, de la Vierge, d’un saint ou devant des reliques comme signe tangible d’une prière ou comme ex-voto. » Ainsi, la prochaine fois que votre grand-mère ou votre tante vous dira « Tu iras allumer un lampion en remerciement pour ta guérison, pour ton oncle qui est malade ou pour ta cousine qui va accoucher, etc. », vous aurez peut-être envie de suivre ce conseil plein de bon sens.
Pour proclamer la Parole et enseigner
Certaines églises ont conservé leur ancienne chaire à prêcher. Constitué d’une cuve où se tenait debout le prêtre, d’un abat-voix (sorte de petit plafond) et d’un escalier d’accès (la chaire était placée dans la nef et en hauteur, pour que les fidèles entendent bien le sermon), ce meuble en bois sculpté servait à la prédication. Le prêtre y dispensait un enseignement moral à la lumière de l’Évangile, ce pourquoi la cuve est la plupart du temps ornée des symboles représentant les quatre évangélistes (le Tétramorphe) : l’homme-ange représente Matthieu, le lion est Marc, le taureau est Luc et l’aigle symbolise Jean. Un ange à la trompette surmontait souvent l’abat-voix en signe du Jugement Dernier, que tout chrétien ne doit pas perdre de vue dans son comportement quotidien.
Depuis les changements apportés à la liturgie dans les années 1960, le prêtre fait sa prédication au même endroit où il lit l’Évangile, soit à l’ambon, petit pupitre placé sur le côté dans le sanctuaire. Son discours n’est plus appelé un sermon, mais une homélie, et constitue davantage un commentaire des lectures de la messe du jour. Une bonne homélie est cependant toujours riche d’enseignements, et permet de méditer les textes de la Bible en les reliant à la vie concrète, à notre vie. À noter que plusieurs paroisses ont récupéré la cuve de leur ancienne chaire pour faire un ambon, ce qui préserve au moins une partie de ces objets artistiques et patrimoniaux.
Le confessionnal : pas juste un film de Robert Lepage
Même si dans la majorité des petites églises paroissiales, les confessionnaux servent dorénavant d’armoire à balais (ce qui est un drame), ces meubles devraient normalement faire partie des éléments essentiels d’un lieu de culte catholique. Composé d’une loge pour le prêtre et d’une ou deux autres pour les pénitents, le confessionnal sert au sacrement de la confession, aussi appelé sacrement du pardon, de la réconciliation ou de pénitence. C’est le commencement, la base de la foi chrétienne : pour connaître cette chose extraordinaire qui est la miséricorde infinie de Dieu, pour ressentir la paix de l’âme et la vraie liberté, il faut d’abord s’abaisser, examiner sa conscience et reconnaître ses fautes. Dieu élève les humbles et rabaisse les superbes (Lc 1, 51-52). Le confessionnal est un peu comme une douche, si vous voulez… mais on y nettoie son âme, afin notamment de disposer son cœur à recevoir Jésus dans la communion. À travers une grille qui préserve notre anonymat, on confesse à un prêtre, en toute simplicité et humilité, les offenses commises contre notre prochain, contre Dieu et contre nous-mêmes. À noter qu’il est possible de se confesser n’importe où avec le prêtre, et non uniquement dans un confessionnal; ce dernier offre cependant un peu plus de discrétion et de silence, tout en permettant de s’agenouiller.
Depuis quelques décennies, il n’est pas très à la mode de parler de péché, on le sait. Si l’Église postconciliaire parle davantage de miséricorde que de pénitence, ses enseignements n’ont pourtant pas changé. Le pardon et l’humilité sont encore, et pour toujours, au cœur de toute la vie de foi. Si vous entrez dans une église et que vous voyez la petite lumière du confessionnal allumée, avec des fidèles faisant la file devant, dites-vous alors qu’il s’agit d’une paroisse en santé, ou du moins dotée d’un bon prêtre!
Voilà qui termine cette deuxième partie de ma petite présentation (non exhaustive) des objets d’église. Un troisième et dernier article sur ce même sujet est en préparation et paraîtra bientôt. Ce qui ne m’empêche pas, pour trouver de l’inspiration et d’autres sujets intéressants, de prier saint Constant…patron des sacristains et des sacristines!
[1] https://fr.aleteia.org/2018/10/25/les-origines-de-lencens-et-son-usage-dans-la-liturgie/
[2] Du mot grec « thus », encens, et du mot latin « ferre », porter. https://liturgie.catholique.fr/art-de-celebrer/art-de-celebrer/4406-l-encens-dans-la-liturgie/
1 commentaire
Girol Didier
31 mars 2023 à 13 h 43 minTrès belle suite de cette trilogie , bien documentée et très instructive pour le converti. Merci!