Rites et traditions

Le tressage des rameaux, ça s’apprend!

Vous avez peut-être déjà vu des rameaux bénits, sortes de « cocottes » tressées, accrochées à un crucifix dans une maison ou à un rétroviseur de voiture? À la fois rituel et artisanat, les techniques de tressage de rameaux se transmettaient jadis de génération en génération, ou au sein des communautés religieuses. Il est encore possible d’acquérir ce savoir-faire traditionnel aujourd’hui, à l’aide des moyens propres à notre époque, que ce soit lors d’ateliers de groupe organisés par des paroisses, ou… avec des tutoriels sur Youtube!

Mais…ça sert à quoi?

Chez les catholiques, le dimanche des Rameaux se célèbre une semaine avant Pâques et inaugure la Semaine Sainte. Cette fête rappelle l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem sur un âne, acclamé par la foule qui brandit des palmes en criant « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! » On commémore également à cette occasion la Passion et la crucifixion du Christ, car cette même foule qui l’acclame le condamnera quelques jours plus tard en disant à Pilate « Crucifie-le! »

Les fidèles réunis à l’église pour cet événement se procurent des rameaux à l’entrée, en échange de dons volontaires ou d’un petit montant fixe. Selon ce qu’on m’a dit, il s’agit rarement de rameaux d’oliviers provenant de Jérusalem, les paroisses québécoises d’aujourd’hui recevant plutôt des palmes de Floride. Une fois celles-ci distribuées a lieu une procession dans l’église, accompagnée de chants, puis on procède à la lecture du récit de la Passion.

Autrefois, au Québec, on utilisait surtout des branches de sapin ou de cèdre qu’on apportait à l’église pour les faire bénir, puisque les rameaux étaient rares et chers. Comme on ne pouvait les tresser, on attachait quelques branches ensemble. On s’en servait ensuite comme goupillon en les trempant dans l’eau bénite pour asperger le cercueil des défunts ou la maison lors d’orages, par exemple. Ces branches, tout comme les rameaux, étaient conservées durant l’année et ornaient souvent le crucifix. Comme tout objet bénit, la branche ou le rameau constituait une protection contre le Malin, ce pourquoi chaque foyer en possédait au moins un.

Après plusieurs mois, les rameaux séchés sont de nouveau apportés à l’église où on les brûle (il ne faut pas jeter un objet bénit). La cendre ainsi recueillie est utilisée lors de la cérémonie du mercredi des Cendres, qui ouvre le Carême.

Rameaux frais, prêts à tresser

La tradition du tressage

Et pourquoi tresser ces rameaux? D’abord, les rameaux tressés se conservent mieux, et leur aspect plus esthétique se prête mieux à la décoration des crucifix et des maisons. Il faut toutefois les tresser assez rapidement, lorsqu’ils sont frais et tendres, car ces palmes sèchent vite… Il est même recommandé, avant le tressage, de les envelopper dans un linge humide.

Feu follet

Il existe différentes techniques de tressage afin de créer plusieurs modèles : il y a la fameuse « cocotte » ou cagette, mais aussi des épis, des couronnes, des marguerites, des « feux follets », etc. Certaines formes portent également une symbolique chrétienne, par exemple trois cocottes pour évoquer la Sainte Trinité. On peut tresser avec deux, trois ou quatre feuilles. On apprenait autrefois cet art en famille; des religieuses étaient aussi expertes en ce domaine. Une artisane de mon village, très douée en la matière, me dit avoir appris ses techniques auprès de trois de ses tantes, religieuses. Cette dame tresse maintenant une centaine de rameaux à chaque printemps afin de les vendre le dimanche des Rameaux, au profit de l’église locale. Cette vente est toujours populaire et les acheteurs sont très sélectifs, ils veulent le plus beau rameau!

Aujourd’hui, différentes initiatives permettent de transmettre ce savoir-faire aux jeunes générations : activités organisées par des agents de pastorale, des groupes communautaires, des associations d’aînés, des groupes scouts… Plusieurs personnes, au Québec mais aussi en France où cette tradition est également présente, publient des vidéos et des articles de blogue sur ce sujet[1].

Marguerite

Si vous avez la piqûre des petits travaux manuels, de l’artisanat et des vieilles traditions, je vous encourage à chercher ce genre d’atelier ou de démonstration dans votre région (soyez à l’affût quand arrive la fin du carême, comme en ce moment). Sinon, on peut toujours se rabattre sur internet, mais les échanges en personne sont toujours plus intéressants et vivants, naturellement!

Pour lire sur le sujet :

https://www.sacrescoeursmormaison.org/2022/04/08/la-tradition-des-rameaux-canada/

http://www.ipir.ulaval.ca/fiche.php?id=183

https://potagersdantan.com/2020/04/05/le-dimanche-des-rameaux/

 

[1] En voici un exemple parmi des dizaines : https://metierstraditions.com/tresser-des-rameaux-de-pere-en-fille/

1 commentaire

  • K. Anne Beaupré
    30 mars 2023 à 1 h 20 min

    Je viens de suivre un atelier à ma paroisse locale, on tressait des rameaux pour vendre le dimanche des Rameaux, justement ! Merci pour les explications, je viens de lire une auteur qui disait aussi que dans son pays (Autriche) on n’avait pas accès à des vrai rameaux autrefois, alors, ils utilisaient des branches de pin ou ‘pussy willows’, il fallait que ça soit des feuilles ou branches vertes.

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